par Soeur Saint-Hildebert, c.n.d.
Extrait du manuscrit inédit, L’Âme acadienne, rédigé vers 1940 par Soeur Saint-Hildebert (Ann Elizabeth White), 1886-1967, religieuse de la Congrégation de Notre-Dame. Elle était originaire de Rollo Bay, Î.-P.-É.
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Dès l’origine de la race, les membres des différentes familles acadiennes étaient très attachés les unes aux autres. De plus, les habitants de chaque village, par suite de mariages entre eux, formaient une société où régnaient une solidarité admirable. Naturellement sympathiques et compatissants envers tous ceux qui souffraient, les Acadiens avaient une grande dévotion envers les âmes du purgatoire en général, et envers les âmes de leurs proches parents en particulier. Ils priaient beaucoup pour ces dernières et, pour elles, ils faisaient dire de nombreuses messes.
Par esprit de foi autant que par amour fraternel, ils gardaient la mémoire de leurs chefs disparus. Car, pour les anciens Acadiens, le ciel et le purgatoire n’étaient pas des régions vagues et lointaines; au contraire, ces gens simples et droits semblaient vivre tout près du monde invisible. Le Jour des Morts surtout, les âmes des trépassés leur étaient présentées à l’esprit; le soir de ce jour, les femmes n’osaient pas sortir de peur de rencontrer sur leur chemin quelque visiteur venu de l’autre monde pour demander des prières. Il n’était pas rare qu’elles crussent entendre les soupirs et les gémissements de ces âmes souffrantes; elles pensaient même voir des revenants qu’elles reconnaissaient comme leurs parents défunts. Cela pourrait être l’effet d’une imagination surexcitée ou d’un tour joué par de jeunes espiègles. Mais, qui sait? Il pouvait y avoir quelque-fois du surnaturel dans les voix et les apparitions qui causaient tant d’émoi chez les habitants de l’Acadie.
Ce fut surtout après le retour de l’exil qu’ils furent favorisés ou affligés de ces visites. Voir mourir leurs parents sans le ministère du prêtre, leur donner la sépulture sans même un arrêt à l’église pour une dernière bénédiction; c’étaient là des peines difficiles à supporter sans une foi vive et profonde. Un amour filial envers Dieu le Père, une confiance sans bornes en Sa bonté pour ses enfants affligés faisaient croire parfois aux Acadiens qu’aucun de ceux qui s’efforçaient de vivre habituellement en paix avec leur Créateur ne serait privé de la grâce des derniers sacrements; que, si un prêtre lui manquait à sa dernière heure, un ange du ciel serait envoyé pour lui imposer spirituellement l’onction sainte ».1
Mais la peine occasionnée par l’impossibilité de faire dire des messes pour les âmes de leurs défunts était très profonde. Ces chrétiens éprouvés essayaient d’y suppléer par leurs prières fréquentes et surtout par leur ferveur pendant l’office divin, le dimanche, quand ils avaient le bonheur d’y assister.
Dans le compte rendu de ses visites pastorales de 1811 et de 1812, Monseigneur Plessis, évêque de Québec, écrit ses impressions au sujet des voix mystérieuses qui se faisaient entendre dans quelques-unes des églises acadiennes :
“Depuis environ six ans, on entend parler dans toutes les chapelles acadiennes de l’Île Saint-Jean —- celle de la baie de Fortune exceptée — des voix, ou plutôt une voix, tantôt chantante, tantôt soupirante, dont plusieurs personnes se trouvent singulièrement affectées. La voix soupirante est celle d’une personne qui serait dans une affliction sourde et profonde; la voix chantante est celle d’une femme ou d’un enfant, qui se fait entendre au-dessus de celle des chantres, car c’est pendant l’office que l’on entend cette voix glapir, surtout pendant les litanies du Saint Nom de Jésus qu’il est d’usage de chanter le dimanche pendant la messe. Tous les assistants n’entendent pas cette voix en même temps; ceux qui l’ont entendue un dimanche dans une église ne l’entendent pas toujours le dimanche suivant dans une autre, ou le dimanche suivant, dans la même église. Il en est qui ne l’ont jamais entendue. Quelquefois, elle est entendue d’une personne et ne l’est pas d’une autre placée dans le même banc. Cependant, plusieurs sont frappés du son de la voix gémissante jusqu’à en tomber en pamoison. S’il n’y avait que des femmes et des enfants qui affirmassent la chose, on pourrait tout uniment l’attribuer à une imagination échauffée, mais parmi plus de cent personnes qui l’ont entendue dans la seule église de Rustico, et peut-être dans celle de Malpec, il y a des gens de tout âge, des esprits sensés et solides; tous rapportent la chose uniformément sans avoir aucun intérêt à le maintenir puisqu’ils en sont fatigués et affligés.2 Ces voix n’ont pas même épargné les cabanes où les Acadiens occupés au loin à l’exploitation des bois se réunissent le dimanche pour chanter quelques cantiques. Elles ont même traversé à Shédiac, où l’on a cessé de les entendre le dimanche de la Quasimodo 1811. “J’ai nié cela, disait au prélat un des hommes les plus sensés de Rustico, aussi longtemps que j’ai pu, car je ne suis pas du nombre de ceux qui entendent les voix. Mais ce nombre a tellement crû, et il s’y est trouvé des personnes si incapables de mentir; j’en ai tant vu mettre en dépense et faire prier pour les âmes du purgatoire, dont ceci leur semble être le langage, que j’aurais crû être coupable de témérité si j’avais résisté plus longtemps à la persuasion générale.Que conclure de tout cela? Qu’il y a des voix qui se font entendre et cela dans les lieux où il n’y a pas de ventriloques, où le peuple n’est pas assez rusé pour être soupçonné d’aucun prestige, où la disposition même des édifices ne s’y prêterait pas. Mais quelles sont ces voix? D’où viennent-elles? Pourquoi ne se font-elles pas entendre de tout le monde? Pourquoi les églises écossaises en sont-elles exemptées alors que celles des Acadiens en sont affligées? C’est sur quoi chacun peut former les conjectures qui’il lui plaira. »3
Ces voix mystérieuses cessèrent de se faire entendre après que les Acadiens eurent commencé à faire dire des messes pour les âmes du purgatoire. Pour cela, ils faisaient des sacrifices énormes, car la plupart d’entre eux étaient toujours assez pauvres. Dans la paroisse Saint-Jacques d’Egmont Bay (Î.-P.-É.) les paroissiens trouvèrent un moyen original pour avoir de l’argent à consacrer à cette fin louable. Au commencement du mois de novembre, ils mettaient dans l’église une grande boîte, dans laquelle on déposait les articles dont on voulait faire le sacrifice en faveur des âmes du purgatoire. On y mettait des vêtements fabriqués à la maison, tels que des bas, des mitaines, des morceaux de toile, un manteau, une quenouillée de filasse, etc. Après la messe, ces articles étaient vendus à l’encan, et avec l’argent ainsi obtenu, on faisait dire des messes. Au commencement du carême, la même chose se répétait et les âmes du purgatoire bénéficiaient souvent de l’offrande du Saint-Sacrifice. De cette manière, les Acadiens coopéraient à une oeuvre de charité très méritoire. Ainsi ils attiraient des bénédictions spéciales sur leurs familles et sur la paroisse entière, — bénédictions qui leur ont valu peut-être ces nombreuses vocations religieuses et sacerdotales qui font la gloire de cette belle paroisse.
Si, après ce temps, les âmes du purgatoire gardaient un silence absolu dans les églises acadiennes, elles semblaient se manifester d’une autre manière à leurs amis.
Une femme très estimable, Madame D., de Miscouche, I.-P.-É. dont la belle-mère était morte depuis quelques mois, s’était éveillée pendant la nuit à l’audition d’un bruit étrange, comme le son des pas lourds d’une personne qui traînait des chaînes après elle. La chose se renouvela trois soirs de suite; le troisième soir, Madame D. crut reconnaître la forme de sa belle-mère défunte qui se tenait près de la porte de sa chambre. Elle lui demanda: “Comment allez-vous? — Une voix qui lui était familière lui répondit: “Ah, si tu savais combien on doit être pur pour entrer en Paradis”. Ce fut tout; la forme s’éloigna lentement pour ne plus reparaître. Le lendemain, Madame D. demanda à son beau-père s’il voulait bien vendre quelque chose afin de faire dire des messes pour le repos de l’âme de la défunte. Monsieur D. s’empressa de vendre un beau châle qui avait appartenu à sa femme et, avec l’argent provenant de la vente, il fit dire des messes pour le repos de son âme.
Une autre femme acadienne, Madame S.D., de St-Louis-de-Kent, N.-B., eut une semblable expérience. C’est au milieu d’un champ, en plein après-midi, qu’elle crut rencontrer son frère défunt. Il avait l’air tout triste et il sembla vouloir lui parler. Mais Madame D. avait tellement peur qu’elle ne lui dit mot. Le soir, elle rêve à ce frère; elle le voit venir vers elle tout comme il était apparu dans le champ. “Vas-tu bien? lui dit-elle. Fait-il bien dans l’autre monde? — Il fait bien pour ceux qui vont bien”, répondit-il. Le lendemain matin, elle s’en va trouver le prêtre; elle lui donne de l’argent pour des messes pour le repos de l’âme de son frère.
Bien souvent, les Acadiens promettent des messes pour les âmes du purgatoire lorsqu’ils veulent obtenir des faveurs temporelles. Une bonne mère de famille, n’ayant pas les moyens de faire dire des messes, promet de réciter un chapelet pour les âmes chaque soir avant de se coucher. Occupée du soin d’un enfant malade, il lui arrive un soir d’omettre cette prière. Dans le coin de la chambre, elle entend remuer les grains de son chapelet. Elle croit que quelqu’un le secoue vigoureusement. Mais il n’y a personne dans cette partie de la chambre où est accroché le chapelet. Après un tel avertissement, cette femme se décide de ne plus omettre le chapelet promis.
Chez les Acadiens, il y a toujours des événements qu’on prend pour signes avant-coureurs de la mort: un oiseau entre dans la maison, une poule chante, ou le coq chante après le coucher du soleil; voilà des choses qui avertissent la famille qu’un de ses membres va mourir. Parfois, on entend des sons étranges, ou on voit des lumières dans les endroits fréquentés par la personne qui doit mourir. Si le chien hurle sans raison apparente, on croit que l’animal sent qu’il va perdre son maître.
Quand une personne est gravement malade, des femmes charitables des maisons voisines ne manquent pas de venir assister la famille affligée. Ordinairement, elles savent sans se tromper si la maladie est fatale et elles avertissent la famille éprouvée lorsqu’il faut aller chercher le prêtre. Même les jeunes qui viennent d’entrer en ménage ne craignent pas en pareil cas de prononcer jugement d’après leurs observations intelligentes et justes. En présence de la mort, elles sont ordinairement calmes et serviables. Sans avoir fait de cours dans les hôpitaux, elles sont, en général, bonnes garde-malades.
Après la mort, on arrange convenablement la chambre mortuaire, ayant soin d’ôter tout objet qui n’est pas nécessaire ou utile, toute chose qui sent la vanité ou la frivolité. On y met tous les objets de piété qui se trouvent dans la maison; au mur, près du cercueil, on accroche des images de Notre Seigneur, de la Sainte Vierge et des saints.
Pendant les jours où le corps est exposé, on récite à courts intervalles, des prières pour les morts, le chapelet et les litanies. Lorsque les jeunes gens jugent que ces exercices sont un peu trop longs, ils se retirent discrètement dans une autre pièce pour jouer aux cartes ou s’amuser avec plus d’abandon.
Autrefois, des prières liturgiques étaient récitées par un ancien qui savait lire ou par une ancienne qui les savait par coeur, après quoi, on chantait en deux choeurs des cantiques en l’honneur de Notre Seigneur ou de la Sainte Vierge; les filles et les garçons alternaient les versets; ceux-ci étant d’un côté de la pièce et celles-là de l’autre. Entre ces pieux exercices, on causait tout bas, les bonnes anciennes suggérant des sujets de conversation édifiants et voyant à ce que les jeunes gens eussent une attitude respectueuse.
Dans le passé, comme au 20e siècle, on parlait, pendant ces longues veillées, des signes avant-coureurs de la mort qu’on avait remarqués, des choses que le défunt aurait dites qui semblaient indiquer qu’il avait eu un pressentiment de sa fin prochaine. Surtout si la mort avait été subite, on essayait de trouver quelque indication qui dénotât que la personne avait été prévenue du dénouvement fatal. Alors on entendait des remarques telles que celles-ci: “Avant de sortir ce jour-là, il fit telles choses où il parlait ainsi — on ne voulait pas qu’il quitte la maison, mais il devait le faire; c’était son destin. Ce qui doit arriver arrivera toujours. Son heure était venue… C’est la sainte volonté de Dieu…” Ainsi, on parlait de la vie comme d’un enchaînement d’événements inévitables, ces réflexions révélant chez les Acadiens un certain fatalisme dont leurs descendants ne sont pas exempts.
Pendant la nuit, on servait un réveillon et on tenait à ce que tous, sans exception, se missent à table pour prendre quelque chose. Ce repas était donné dans un esprit de charité fraternelle comme un acte méritoire fait pour le soulagement de l’âme du défunt, et l’on croyait que chaque repas ainsi servi diminuait la dette de cette âme envers la justice divine.
S’il pleuvait le jour de l’enterrement, on regardait l’eau qui venait du ciel comme un signe sensible que l’âme avait trouvé grâce devant Dieu. C’était l’ “Aspergès” du Bon Dieu qui voulait lui-même bénir le cercueil et la tombe du défunt. Ainsi les choses matérielles revêtaient souvent un caractère sacramentel aux yeux des Acadiens. On aurait tort de regarder toutes ces croyances particulières comme des superstitions, car elles avaient quelque-fois leur source dans les vertus chrétiennes qui florissaient dans l’ancienne Acadie. Si les Acadiens sont un peu superstitieux, ils sont avant tout religieux, et on peut ajouter que, superstitions mises à part, la religion telle qu’ils la pratiquent est très belle et très conforme aux traditions de l’Église.
Pour se convaincre de ce fait, il faut passer quelque temps dans un milieu nettement acadien, comme, par exemple, le petit village de Caraquet. Sur la côte du Nouveau-Brunswick, tout près des eaux bleues de la baie des Chaleurs, ce village intéressant semble être un petit coin de l’ancienne Acadie oublié par les vainqueurs. On y trouve un groupe de familles qu’on reconnaît comme des descendants des gens honnêtes et heureux du pays d’Évangéline. Leurs petites maisons sont groupées autour de l’église paroissiale ou échelonnées le long du chemin; elles sont flanquées de vastes champs où l’on se sert parfois encore, de boeufs pour les travaux agricoles.
Comme en tout village acadien, les habitants aiment à s’unir pour prendre part aux démonstrations et cérémonies civiques ou religieuses. Quoique les Acadiens ne soient pas organisateurs, ils s’y prêtent volontiers sous l’influence d’un chef qui leur est sympathique.
C’est surtout en présence de la mort que se manifeste l’influence de la religion sur l’âme acadienne. Citons, comme exemple d’organisation et de piété touchante, le service funèbre d’une jeune fille de cette paroisse. Le jour des funérailles, les gens de la fanfare, en uniforme se rendent à l’église avec leurs instruments de musique. D’un côté du perron, ils attendent l’arrivée du corps. Les jeunes filles, en voile blanc, se rangent de l’autre côté. Le cortège funèbre étant arrivé, et les premières prières liturgiques terminées, tous se mettent en marche pour entrer processionnellement dans l’église. Le choeur de l’orgue se compose d’Enfants de Marie — toutes les jeunes filles de la paroisse sont enfants de Marie, comme toutes les femmes mariées sont enrôlées dans la société des Dames de Sainte-Anne. Pendant la messe, les Enfants de Marie s’approchent de la sainte table afin de communier pour le repos de l’âme de leur compagne défunte. Après la messe et l’absoute, la fanfare joue la marche funèbre et la procession se forme en ordre parfait pour se rendre au cimetière: le corbillard, les prêtres, les enfants de choeur, les membres de la famille en deuil, les Enfants de Marie et la foule. Tous partagent la douleur de la famille éprouvée, et le chapelet à la main, les lèvres murmurant les Avés, ils manifestent le respect le plus profond et la piété la plus édifiante.
Dans ce cimetière paisible, à l’ombre du clocher, tout près des eaux bleues de la baie, on dépose les restes mortels de la défunte. Les dernières prières liturgiques terminées, les jeunes filles entonnent ce cantique qui exprime l’amour le plus pur de l’Enfant de Marie pour sa mère céleste: “J’irai la voir un jour”. Les accents de ce pieux cantique se répercutent à travers les champs et au loin sur les eaux; il nous semble que les anges du ciel suspendent leur harmonie pour écouter un chant qui les ravit, non par la qualité des voix des chanteuses, mais par la perfection de l’instrument qui produit cette musique vocale, car cet instrument, c’est l’âme de la jeune fille acadienne.
Le sentiment que l’on rapporte de cette cérémonie si touchante, c’est que le ciel est bien près de ce petit coin de terre de Caraquet. On garde longtemps dans la mémoire le souvenir de ce chant d’espérance, “J’irai la voir un jour”. On aime à revenir par la pensée parmi ces chrétiens fervents qui donnent au monde égoïste et matérialiste une leçon dont il a grand besoin — leçon de charité fraternelle qui pleure avec ceux qui pleurent, et de foi triomphante, qui salue la mort comme l’heureux commencement de la vie éternelle.
BIBLIOGRAPHIE
Ph. F. Bourgeois — La Vie de l’abbé La France, Montréal, 1913.
J.H. Blanchard — Rustico, Une Paroisse Acadienne, 1938.
Helen Campion — Over on the Island, Toronto 1939.
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(1) Parole d’un vieux prêtre acadien.
(2) En 1803 M. l’abbé Cécile, affirma qu’il avait entendu ces voix mystérieuses les quatre dernières fois qu’il avait fait l’Office à Rustico. Les litanies étaient alors leur chant favori; elles chantaient aussi la préface et le Pater. C’était des pleurs, des sanglots, semblant provenir de dessous le plancher entre le choeur et le nef.
“En 1822 le jour de Saint-Marc, à la procession qui se fait autour de l’église de Rustico, les chantres eurent beaucoup de peine à chanter les litanies; il leur semblait qu’il y avait autant de sanglots qui répondaient aux invocations. (Lettre de M. l’abbé Cécile à M. Painchaud, le 15 avril 1830, Vie de l’abbé LaFrance, par Ph. F. Bourgeois C.S.C.)
(3) Il y a une tradition qui veut que les Acadiens de la paroisse de Saint-Jean-l’Évangéliste à Port-la-Joie étaient dans l’église où on chantait les litanies du Saint Nom de Jésus lorsque les troupes de Lord Rollo se précipitèrent dans l’édifice pour les disperser. Quelquefois on voit des lumières étranges dans le voisinage. Et quand l’étoile du soir apparaît, la silhouette de l’ancienne église paraît sur l’horizon; par les fenêtres, on voit les chandelles allumées; de petits bateaux portant les troupes de Lord Rollo se glissent sur les flots; les voix suppliantes font entendre dans le lointain la prière, “Ora pro nobis”. C’est le pasteur et ses ouailles qui reviennent pour achever les oraisons commencées et interrompues il y a cent quatre-vingts ans. (Helen Campion, Over on the Island.)